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RYO TAKAHASHI "Cent Papiers Sans Borne",
avec la participation de Marie-France Jean
19 novembre 2009 - 9 janvier 2010
PERFORMANCE DE RYO TAKAHASHI JEUDI 19 NOVEMBRE 2009 À 19H.
Quand j’ai voyagé d’un pays à l’autre, en attendant le train suivant, je me suis promené dans une petite ville frontalière. Le jour a commencé à décliner de l’autre coté du château d’eau. Son ombre s’est allongée en direction de mon voyage. Cette petite scène m’a donné l’idée de BORNE. La borne est un geste. La borne sépare mais elle rassemble en même temps. Par exemple une borne marque la séparation de deux pays ou de deux objets ou bien encore de deux individus. Mais en même temps elle est leur point de rencontre. 2008-2009, j’étais “un sans papier”. Quelle expression? Je vois une feuille de papier sans trace. Durant cette période, mon champ d’action a été très limité. J’essayais de jeter mon attention aux alentours proches. Diverses choses laissaient leur signe ça et là. Un jour, j’ai trouvé une signature inconnue. La rouille de fer suintait à travers le mur de plâtre. Elle croissait de jour en jour et gagnait bientôt la forme d’une mystérieuse calligraphie. J’ai pensé à un clou qui se cacherait dans le plâtre. Sa couleur brun-rouge, vive sur le blanc lumineux, était comme semée dans mon champ visuel. Je l’ai cherchée chaque jour. Cette signature illisible s’enracinait dans l’ombre de mon château d’eau. Ma femme, M.F.J. vit avec moi. Pendant cette période-là, elle faisait ses oiseaux drôles avec sa plume et l’encre noire. Elle les a nommé “Cent papiers”. C’est à dire que ses oiseaux n’ont pas d’identité officielle. Les japonais plient traditionnellement mille oiseaux en papier pour prier pour la paix. Ce sont des grues. D’après M.F.J., ses oiseaux sont la trace de sa vie à ces moments-là. Elle tire mille et mille traits minuscules d’encre comme si son oiseau naissait du blanc du papier. Cela m’a fait penser à un verre teinté par la suie. À travers lui je regarde l’éclipse. On caresse d’une flamme de bougie une planche de verre. La fumée de la suie chemine en tâtonnant son support avec l’air embarrassé. La nuit dans le jour s’accumule petit à petit. L’ombre errante sans maître figure une silhouette immobile de l’homme d’Hiroshima. La flamme de la bougie ne jette que sa clarté modeste. Elle ranime plutôt la noirceur autour de sa clarté. Mon ombre est projetée sur le mur et tremble. Ainsi je fouille les bornes intimes de la vie et mes jours basculent éparpillés comme des pistes pour les oiseaux migrateurs de M.F.J. Je propose plusieurs colonnes de béton pour l’ombre perdue et éphémère ; un perchoir pour un être de non-être. Elles sont peut-être des bornes errantes. — RYO TAKAHASHI (octobre 2009).
Once, when I traveled from one country to another and found myself waiting for the next train, I had a walk in a small border town. The day began to fall on the other side of the water-tower. Its shadow extended in the direction of my traveling. This little scene gave me the idea of BOUNDING. The bound is a gesture. The bound separates but gathers at the same time. For example, a bound marks the separation between two countries or two objects, or two individuals. But at the same time it marks their meeting point. 2008-2009, I was “a sans-papiers” (“illegal immigrant,” “undocumented”). Which expression? I see a paper leaf without trace. My field of action was very limited. I tried to cast my attention to the near surroundings. To bound. Various things had left their sign here and there. One day, I found an unknown signature. Steel rust oozed through a plaster wall. It grew day by day to be a mysterious calligraphy. I thought of a nail hidden in the plaster. Its red-brown, vivid color, on the luminous white, was sowed in my visual field. I looked for it every day. This illegible signature rooted in the shadow of my water-tower. My wife, M.F.J., lives with me. During this time, she made funny birds with her nib and some black ink. She named them “Cent papiers” (transl. “Hundred Papers” to sound like “sans-papiers”). Meaning her birds have no official identity. Japanese traditionally fold a thousand paper birds to pray for peace. They are cranes. According to M.F.J., her birds are the trace of her life at those moments of prayer. She draws thousands and thousands of tiny lines as if each bird were born of the white of the paper. It made me think of a glass stained by soot. Through it I look at the eclipse. One caresses with a candle flame a glass plate. The smoke’s soot makes a groping path on its ground with the air embarrassed. Night in day accumulates little by little. The wandering shadow without master figures a still silhouette of the man of Hiroshima. The candle’s flame casts only its modest brightness. It rather revives blackness around its brightness. My shadow is cast on the wall and trembles. Thus I dig the intimate bounds of life and my days unbalance, scattered like tracks for M.J.F.’s migrating birds. I propose several columns in concrete for the lost and ephemeral shadow; a perch for a being of non-being. They maybe are wandering bounds. —RYO TAKAHASHI (October 2009).
2009 © Ryo Takahashi traduction Arnaud Lefebvre (aidé de Paul Nelson)
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Exhibit Images
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
"Performance avec seize bornes en béton et une borne fluorescente.
Un tube fluorescent est posé sur le sol.
Il trace une ligne blanche lumineuse devant un mur.
Un espace se trouve entre le mur et la lumière.
On y dispose 16 pièces assombries comme des piquets sur un rivage.
Leur longue file longe le mur.
Je dresse une dix septième pièce, c'est le tube fluorescent.
L'ombre de ma trace s'allonge alors verticalement au mur comme les bornes."
2009 © Ryo Takahashi
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
19.11.2009
2009 © Arnaud Lefebvre
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
19.11.2009
2009 © Arnaud Lefebvre
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
19.11.2009
2009 © Arnaud Lefebvre
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
19.11.2009
2009 © Arnaud Lefebvre
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
19.11.2009
2009 © Arnaud Lefebvre
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
19.11.2009
2009 © Arnaud Lefebvre
RYO TAKAHASHI
Performance "Cent Papiers Sans Borne"
19.11.2009
2009 © Arnaud Lefebvre
RYO TAKAHASHI
Vue d'installation "Cent Papiers Sans Borne"
2009 © Ryo Takahashi
RYO TAKAHASHI
Vue d'installation "Cent Papiers Sans Borne"
2009 © Ryo Takahashi
RYO TAKAHASHI
Vue d'installation "Cent Papiers Sans Borne"
2009 © Ryo Takahashi
RYO TAKAHASHI
"Borne A"(1 pièce), h : 15 cm, Ø : 12 cm
béton
2009 © Ryo Takahashi
RYO TAKAHASHI
Bornes E, F, G
2009, béton
2009 © Ryo Takahashi
RYO TAKAHASHI
"Borne G" (2 pièces)
2009, h: 91 cm (41 + 40 cm), Ø : 12 cm
béton
2009 © Ryo Takahashi
RYO TAKAHAHSI
"Borne J"(2 pièces), h : 65 cm (39 + 26 cm), Ø : 12 cm
2009, béton
2009 © Ryo Takahashi
MARIE-FRANCE JEAN
"Oiseaux", 2009, encre de chine sur papier japon
34 x 24 cm
2009 © Marie-France Jean
MARIE-FRANCE JEAN
“Faucon articulé”, “Bec gribouilleur”, “Poseur d’azil”
2009, encre de chine sur papier japon, 34 x 24 cm
2009 © Marie-France Jean
MARIE-FRANCE JEAN
"Oiseaux"
2009, encre de chine sur papier japon, 34 x 24 cm
2009 © Marie-France Jean
MARIE-FRANCE JEAN
“Toctoc de la feuille”, “Bécassine bas bleu”, “Chouette Traversée”
2009, encre de chine sur papier japon, 34 x 24 cm
2009 © Marie-France Jean |