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LUCAS L’HERMITTE
9 juin - 30 juin 2000
"Deux expositions boulversantes [à la Galerie René Drouin] marquèrent, en 1945, le début de cet autre chose dans lequel nous commençons à nous retrouver maintenant, y voyant d'inépuisables propositions d'aventures en profondeur: je veux parler des OTAGES de Jean Fautrier et des HAUTES PÂTES de Jean Dubuffet. L'exposition de Fautrier consistait en un accrochage très espacé de quelques vingts à trente très petites peintures: des têtes d'otages traitées de telle façon que tout semblait être une même toile indéfiniment refaite avec d'imperceptibles variantes. Sur un format très réduit, un fond vert d'eau très pâle et verni, sur lequel une épaisse tartine de blanc épais grassement étalé en forme tendant à l'ovale (mais en fait quasi informe) à peine signifiée par de ténues projections de poudre de pastel ou quelques coups de pinceau plutôt délavés laissant soupçonner une trace de nez, de bouche (ou de double bouche), quelque œil qui pourrait tout aussi bien être une feuille de sommaire botanique; imaginez trente fois cela, perdu sur d'immenses cimaises... pas de forme, pas de couleur, pas de métier, et tout pareil, ça marquait plutôt mal vis à vis de ce que l'on avait l'habitude d'appeler une importante exposition. On a dit qu'il n'y a probablement pas eu dix personnes à s'y intéresser: cela ne m'étonne en rien, au contraire, car avec la peinture les suffrages sont plutôt faits pour me mettre en défiance. Il est incontestable que, devant un tel spectacle, l'on perdait pied tout de suite, avec rien à quoi se raccrocher (c'est ça qui est grave...) et bien sûr que si on voulait lutter, on était battu d'avance, on coulait irrémédiablement. Alors qu'il suffisait de subir, de se laisser en effet couler à pic: c'est tout de même quelque chose que l'on ne vous propose pas tous les jours, à quoi l'on est pas habitué jusqu'à la lassitude et saturation. Mais si justement, faisant table rase de toutes habitudes acquises tant avec la peinture reconnue comme telle qu'avec ses possibles et prévus effets habituels, on se laissait emmener, on s'apercevait aussitôt que ces petites toiles inhabituelles et apparemment si pauvres vous entraînaient beaucoup plus loin qu'on aurait jamais espéré et surtout dans un ailleurs impérévisible." MICHEL TAPIÉ "Un Art autre", Gabriel-Giraud &fils, Paris, 1952 (non paginé, face aux illustrations de "Pollock 1948" et de "Riopelle 1949").
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Exhibit Images
Carte d'invitation
Liste des oeuvres
Lucas L'Hermitte "Le Mesnillard" Mémoire Hier-Aujourd'hui, acétylène sur polyester, 2000, 82 x 80 cm
Lucas L'Hermitte "Ecocqueneauville" Mémoire Hier-Aujourd'hui, acétylène sur polyester, 1995, 120 x 118 cm
Lucas L'Hermitte:
9 aphorismes ed. 10 ex. 1999-2000
"Mobecq" Mémoire Hier-Aujourd'hui, acétylène sur polyester, 2000, 20,5 x 20 cm
"Moidrey" Mémoire Hier-Aujourd'hui, acétylène sur polyester, 2000, 20,5 x 20 cm |